La danse des derviches tourneurs

Publié le par Latifa Belkaïd

L’appel de Mevlana s’adresse à tous:  « viens, viens !  Qui que tu sois,  Viens !  Que tu sois un infidèle,  Un idolâtre ou un païen,  Viens !  Notre couvent,  N’est pas un lieu de désespoir.  Même si cent fois,  Tu as violé un serment,  Viens quand même ! » Rûmi

L’appel de Mevlana s’adresse à tous: « viens, viens ! Qui que tu sois, Viens ! Que tu sois un infidèle, Un idolâtre ou un païen, Viens ! Notre couvent, N’est pas un lieu de désespoir. Même si cent fois, Tu as violé un serment, Viens quand même ! » Rûmi

LA DANSE DES DERVICHES TOURNEURS

 

« L’art véritable n’a pas pour but de faire évader mais de recentrer, de ramener à Soi, au vrai Moi » M. Béjart.

 

 

La danse a été l’un des premiers langages dès la préhistoire et les premières civilisations. On y voit peint des hommes pratiquant des mouvements, s’habillant de peaux de bison, accomplissant des jeux d’acrobatie…

L’homme a créé un espace sacré où il pouvait exprimer par sa danse son évolution intérieure dans la recherche de l’harmonie.

L’espace sacré est la matérialisation vers l’extérieur de ce voyage au centre  de soi-même et c'est souvent symbolisé par le Cercle.

La danse rythme tous les évènements de la vie ; elle scande tous les rites de passage : naissance, puberté, danse nuptiale…

Les hommes ont dansé le rythme des saisons, les mystères de la vie et de la mort, l’alternance du jour et de la nuit, du soleil et de la lune…

La danse a célébrée la naissance à travers les danses de fécondité et rites d’initiation.

Les danses de mort ou rites funéraires ont un rôle de créer un mouvement symbolique entre le monde des vivants et des morts.

Les danses guerrières servent à obtenir l’énergie nécessaire pour vaincre, l’énergie étant spirituelle. Ces danses magnifient ces puissances et placent les combattants sous protection divine.

Les hommes ont ainsi cherché à se relier au cosmos dès les premiers temps…leurs danses ont appelé la pluie pour les moissons, les animaux pour la nourriture…

La danse est l’expression des énergies spirituelles qui nous traversent d’où l’utilisation de masques dans certaines danses (danses nuptiales) qui concourent à l’irréalité et autorise le danseur à manifester le Soi en occultant sa personnalité.

Toutes nos danses devenues profanes contiennent dans leur essence la célébration des mystères de la nature.

La nature elle-même danse dans sa matière…

La danse est spirale comme la ronde des constellations, comme l’Adn de nos cellules…

Le tournoiement a été l’un des premiers mouvements dépeints sur les grottes.

Toutes les danses conduisent à l’extase. L’extase est divine.

Les derviches tourneurs :

Les derviches représentent une confrérie religieuse musulmane parmi plusieurs voies du soufisme.

Les derviches tourneurs sont membres de la confrérie ou tariqa (voie ou chemin) des mawlawi ou mevlevi, disciples de Djalal al-Din Rumi(XIIIeme siècle). Nous le découvrirons lors des ateliers.


L’ordre des derviches est caractérisé par le développement des arts : littérature, musique, peinture....

Le derviche est initié par un maître et participe aux rituels de la confrérie qui consistent en des invocations répétées du nom de Dieu (dhikr) ou autres pratiques hypnotiques comme danse ou chant jusqu’à l’extase mystique, l’anéantissement (fana’).

La cérémonie des derviches tourneurs est appelé "sema" en turc.

Ils pratiquent cette danse qui les rend célèbres. Accompagnés de musiciens, ils tournent sur eux-mêmes de plus en plus rapides.

Le sama’ (ou sema) est une audition spirituelle qui a plusieurs formes et existe depuis le Prophète.

Il s’agit d’invoquer Dieu en récitant des poèmes, des chants, des invocations, le Coran, la danse derviche chez les turcs…

Le but est de sentir la Présence divine. Durant le sama’ (sema), les cœurs sont exposés au rayonnement des Lumières divines, de l’Amour divin à tel point qu’ils en perdent les sens en s’anéantissant dans la Présence divine.

 

pour résumer la pensée de Mevlana, le but essentiel est de rejoindre l’existence divine. C’est la recherche de l’Unité qui est au centre d’ailleurs de l’Islam. On peut accéder par la mort ou par l’amour de tout ce qui existe puisque tout le monde est le reflet de Dieu. Aimer l’humanité, c’est aimer Dieu. Par l’amour, on atteint l’être absolu, l’anéantissement en Dieu.

Le sama’ (sema) a des règles :

-        Être dans une intention de se mettre en état sacré ( à Soi et au Divin)

  c' C'est un rituel où le derviche danse pour répondre à un état intérieur (hâl) qui sera un remède pour son âme.

Le sema ou danse des derviches :

S’exécute dans un semahane (salle de danse).

Le derviche est habillé d’une longue tunique blanche couleur du deuil pour la mort et d’une toque cylindrique en poil de chameau, symbole de la pierre tombale.

La danse est une prière, un dépassement de soi à l’union suprême avec Dieu.

C’est aussi la ronde des planètes qui tournent autour du soleil.

Le cercle est le symbole de la Loi religieuse qui embrasse la communauté musulmane toute entière et ses rayons symbolisent les chemins menant au centre où se trouve la vérité suprême, le dieu unique qui est l’essence même de l’Islam.

La danse des derviches tourneurs est une recherche d’état modifié de conscience, d’expansion de l’être et de développement des capacités créatrices. Elle se définit comme un système de développement des potentialités humaines.

 Elle favorise l’unité motrice, psychique et affective du danseur, lui permettant de ressentir l’unité esprit/corps et d’évacuer certaines tensions parasitant cette relation.

Elle stimule l’hémisphère droit du cerveau en utilisant le non verbal et la stimulation intégrative par la perception musicale et le ressenti corporel.

Les fonctions corticales inhibitrices sont diminuées du fait que la danse se réalise les yeux fermés. De la sorte, les fonctions limbiques s’expriment plus librement et le danseur peut avoir accès à ses émotions refoulées et décharger des tensions inconscientes.

La danse derviche active le système parasympathique du système nerveux autonome permettant une régulation et un apaisement de l’organisme.

Elle renforce également le système immunitaire.

 

 D'une manière générale, quelque soit la branche soufie (ou tarika),  les musulmans soufis recherchent l’intériorisation, l’amour de Dieu, la contemplation, la sagesse.

 

L’Etre suprême est Dieu auquel on accède par l’amour de Lui.

Le but est de s’énivrer de Dieu. On peut donc bien affirmer que le soufisme est la religion de l'Amour!

Les soufis sont astreints à une vie ascétique totale et invités au dépouillement de l’ego.

Les pratiques visent à purifier l’égo.

La pratique des dikr (= rappel ou invocation)  (répétition des versets coraniques tels que la shahada, le témoignage de foi ou des noms divins) aboutissent à l’extase, à l’union avec le divin.

Le dhikr est considéré comme une pratique purificatrice de l’âme car on juge que le nom d’Allah possède une valeur théurgique qui agit sur l’âme. Il existe plusieurs modalités de dhikr.

La danse des derviches a ce même but.

Le soufisme a pour but de conduire au degré de l’excellence de la foi et du comportement (al-ihsan) qui par la purification du cœur conduirait à la foi pure (ikhlas) celle par laquelle « on connaît », par laquelle « on voit ».

 

 

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